Le nom de Nicolas Saboly est aujourd’hui indissociable de ses noëls, ces chants de Noël en provençal qui ont traversé les siècles. Mais qu’ont-ils de si particulier ? Pourquoi continuent-ils d’être chantés et étudiés ?
Entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, les noëls étaient déjà prisés dans toute l’Europe, bien au-delà de la Provence. Cependant, Saboly a su se distinguer par un art remarquable : il mêlait la spiritualité chrétienne à une description vivante et parfois imprévue de la vie paysanne provençale. Ses paroles poétiques décrivaient autant la Nativité que les lieux, les figures, et même les accents pittoresques de son Comtat natal.
Une inspiration locale et universelle
Les thèmes abordés dans ses noëls vont bien au-delà du récit de la Nativité. Saboly insérait dans ses compositions des allusions à la vie quotidienne, au travail des champs ou encore aux marchés animés. Par exemple, dans certains de ses chants, il décrit avec humour les bergers provençaux se mettant en route pour aller adorer l’Enfant Jésus, tout en emportant avec eux leurs produits ou animaux emblématiques.
- Dans le célèbre « Tambourin », on entend les sonorités d’instruments populaires, évoquant les fêtes de village.
- Dans d’autres textes, il dépeint la Provence d’alors, avec ses traditions culinaires et ses paysages.
Ce mélange d’humour, de détails réalistes et de spiritualité devient la marque de fabrique des œuvres de Saboly.
L’importance du provençal dans ses œuvres
Un autre aspect remarquable de ses noëls est l’utilisation de la langue provençale. À l’époque, la majorité des œuvres religieuses étaient écrites en latin ou en français. Saboly fait un choix audacieux : celui d’écrire pour le peuple, dans une langue accessible, proche du parler quotidien. Cela rend ses chants immédiatement populaires et profondément ancrés dans la culture locale.
Dans la Provence du XVIIe siècle, marquée par le clivage linguistique entre élites francophones et populations locales occitanophones, cette démarche est véritablement novatrice. Les chants en provençal combinaient une portée sacrée universelle et une saveur locale douce et familière.