LA SAGNE, ROSEAU CAMARGUAIS.

La Camargue est reconnue pour la diversité de sa faune avec en têtes d’affiches les chevaux et taureaux camarguais ainsi que les flamands roses, mais également pour sa flore unique. Dans cette zone humide constituée entre les deux bras du Rhône, de nombreux marais et étangs s’étendent à perte de vue, dans une zone semi-désertique, éloignée de toute urbanisation à outrance. Et c’est dans ce milieu naturel que différentes variétés de roseaux s’épanouissent à merveille. Et une variété de roseau est très prisée depuis près de sept cent ans : le roseau phragmite, communément appelé en Camargue la Sagne, véritable Trésor de Camargue.

La sagne est cultivée dans les roselières, qui sont les zones en bordures de lacs, d’étangs ou de marais. Autrefois métier entièrement manuel, les sagneurs parcouraient les marais à l’aide d’une barque traditionnelle appelée un « negachin » ou « barquet », qui fait avancer en s’aidant d’une « partègue » qui est une grande perche. Les sagneurs utilisaient pour couper la sagne un outil ressemblant à une faucille surmontée d’un long manche, appelée « sagnadou ». Le galbe du sagnadou servant à vérifier la largeur du paquet de sagne. Le sagneur attachait ensuite les paquets à l’aide d’un fil de fer, puis enlevait les débris des roseaux, nommés « courtillons », et enfin tassait le paquet de sagne sur le fond de son embarcation. De nos jours, la coupe de la sagne s’est mécanisée, même si quelques sagneurs tiennent à respecter les méthodes de coupe traditionnelle, respectant mieux la protection des marais et de l’environnement naturel de la Camargue. En effet, la machine ne coupant pas le roseau mais l’arrachant, c’est toute une partie de la faune locale qui perd alors son habitat.

Il existe deux saisons pour la récolte de la sagne, la sagne d’été et la sagne d’hiver. La coupe de la sagne en été, lorsque le roseau est encore vert, est en perte de vitesse. Son utilisation était prospère lorsque l’agriculture se faisant encore avec les chevaux de traits, et que les besoins en fourrage pour ces chevaux étaient importants. Cette activité a été exploitée durant des siècles en Camargue avant que les tracteurs ne remplacent les chevaux dans l’agriculture, et que les besoins en fourrage ne diminuent considérablement. La seconde saison de coupe est la coupe d’hiver, qui s’effectue lorsque la sagne est sèche et dépouillée de ses feuilles. Depuis plusieurs siècles, la sagne d’hiver était utilisée de façon traditionnelle pour la confection des toits des cabanes des Gardians dans les Manades en Camargue ainsi que pour la fabrication de paillassons destinés à protéger les cultures maraîchages dans la Vallée du Rhône. Attention, les paillassons de sagne ne sont pas destinés à s’essuyer les pieds dessus, mais le terme est utilisé pour désigner des palissades ou des coupes vents.

Cette variété extrêmement robuste, également appelée le roseau des marais, a été utilisé dès l’antiquité afin de confectionner des abris, des palissades mais également des toits des pour les habitats. Du Moyen-Âge jusqu’au début du XXème siècle, la sagne est récoltée verte pour les besoins des fourrages des ânes, mules et mulets. La coupe d’hiver, du roseau sec, étant beaucoup plus rare. A partir du milieu du XXème siècle, l’activité de la récolte de la sagne a été modifiée en Camargue. En effet, pour répondre à la demande croissante de l’Europe en agriculture, certains pays comme les Pays-Bas assèchent leurs marais pour les cultiver, et la demande en roseaux des pays de l’Europe du Nord n’est plus satisfaite en local. Ces pays viennent alors chercher la sagne en Camargue, qu’ils trouvent en plus de meilleure qualité. C’est le début de l’âge d’or pour les sagneurs camarguais, le pétrole vert de Camargue, pas besoin de le planter, il pousse tout seul et il n’y a qu’à se baisser pour le ramasser ! Mais l’équilibre de l’écosystème des marais est fragile, et les roselières s’abîment peu à peu, du fait des intérêts divergents entre les sagneurs, les pêcheurs et les éleveurs. Les roseaux commencent alors à se faire rares, moins haut, et moins beaux. Les surfaces de culture ont diminuée peu à peu, et de nos jours il n’y a plus beaucoup de sagneurs qui peuvent vivre de leur métier.

De nos jours, la sagne connait un regain d’intérêt et le fait qu’elle soit un matériau écologique, naturel et solide lui confère une attractivité grandissante. En effet, selon la façon dont on assemble la sagne, elle possède un grand pouvoir occultant permettant de protéger du soleil ou de la vue des voisins. La sagne est également résistante au soleil, à la pluie et à la neige. La sagne est toujours utilisée pour couvrir les habitats traditionnels de Camargue, ou pour confectionner des « paillassons » comme c’était l’usage autrefois, mais de nouvelles utilisations voient le jour, et redonnent cet intérêt au roseau camarguais. On trouve de nos jours chez des artisans locaux de la sagne pour la confection de « paillassons » qui servent pour la couverture de pergolas ou de parasols, ou encore de brise-vent et de brise-vue. En investissant dans ce matériau écologique, vous apportez à votre extérieur un air de Camargue, un morceau de la Camargue authentique que vous ferez revivre !

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